Inner Wheel dans le magazine Rotary - Mars 2021

jeudi 4 mars 2021

Ouverture d’esprit et concessions, détermination et courage

Le premier scrutin fédéral auquel les femmes ont été admises a eu lieu par un dimanche pluvieux, je fêtais ce jour-là mon 20e anniversaire. J’étais très fière lorsque j'ai glissé l'enveloppe contenant mon bulletin de vote dans l’urne à la mairie.

A l'époque, ma mère était-elle favorable au suffrage féminin ? Je ne m'en souviens pas. Je ne suis pas sûre que ce fut si important pour elle. En tant qu'épouse d'agriculteur, elle avait l'habitude d'avoir son mot à dire dans la prise de décision. C'était d’ailleurs probablement le cas chez de nombreux travailleurs indépendants, la femme tenait souvent la comptabilité et connaissait mieux les finances que son mari. J'ose donc dire que toutes les femmes n'avaient pas "rien à dire". Je pense au film "L’Ordre divin" ; on constate qu’une résistance farouche s’est manifestée, ne serait-ce que de la part de l’entrepreneuse.

Après des décennies de lutte et de débats menés par des femmes courageuses, les suissesses ont obtenu le droit de voter et d'être élues. J'éprouve beaucoup de respect pour ces combattantes infatigables. Je suis très heureuse que la Confédération ait récemment désigné les Archives Gosteli - Histoire du mouvement des femmes - comme une institution de recherche d'importance nationale et qu'elle lui ait accordé une contribution financière.

Pour façonner l'avenir, nous devons connaître le passé. Pendant longtemps, il était rare que les filles fréquentent les écoles secondaires et apprennent des professions qui étaient du domaine des hommes. A la fin des années 60, mon amie d'enfance était l'une des seules femmes de sa classe de l'école professionnelle à commencer un apprentissage de dessinatrice en bâtiment.

Le monde du travail en Suisse a changé au fur et à mesure que les femmes ont rattrapé leur retard face aux hommes en matière de formation. Mais dans de nombreux domaines, il n'y a toujours pas d'égalité entre hommes et femmes. Cela vaut pour les deux sexes : le personnel infirmier et l'enseignement sont typés "féminins", tandis que la technologie et le secteur financier sont des domaines surtout "masculins". Les femmes devraient rattraper leur retard, notamment pour l’accès aux postes de direction. Cela exige beaucoup d'ouverture et de concessions de la part des hommes, mais aussi de la détermination, du courage et de l'ambition de la part des femmes.

N'est-ce pas à nous, les femmes plus âgées, de raconter le passé à nos filles, belles-filles, petites-filles ? Pour mettre en évidence les réalisations de ces 50 dernières années ? Pour les encourager à accepter une tâche qui peut leur sembler à priori inaccessible ? Contrairement à nous, qui avons parfois renoncé à des opportunités de carrière au lieu de chercher une solution pour se répartir les tâches familiales. Après tout, l'attitude des hommes n'a pas toujours été un frein aux opportunités qui nous étaient offertes.

Regardons donc en arrière, mais surtout regardons en avant et encourageons les générations futures à utiliser tous les droits dont elles disposent pour la construction d'une société plus égalitaire.

Hanna Lienhard, Gouverneur 2020/21, Inner Wheel Suisse-Liechtenstein


Image: Archives Sociales Suisses